Un autre décret de Donald Trump bloqué par un juge
INTERNATIONAL - C'est un nouveau revers pour Donald Trump à l'approche des cent jours après son investiture. Un juge américain a en grande partie suspendu mardi 25 avril l'application d'un décret du président visant à priver de financements fédéraux les collectivités opposées à sa politique anti-immigration.
Le juge William Orrick, de la cour fédérale de San Francisco, a pris cette injonction temporaire de portée nationale en considérant que les arguments d'avocats représentant San Francisco et le comté californien de Santa Clara étaient valables. Le débat sur le fond aura lieu ultérieurement.
Un décret anti-immigration signé par Donald Trump avait été suspendu sur l'ensemble du territoire le 3 février par un juge de Seattle. Une nouvelle version du décret a elle aussi été bloquée mi-mars.
"L'État de droit a subi un coup supplémentaire car un juge non élu a réécrit de façon unilatérale la politique de l'immigration", a fustigé la Maison Blanche dans une déclaration. Cette décision "erronée est un cadeau fait aux gangs criminels et aux milieux des cartels dans notre pays" et constitue "un exemple supplémentaire d'un dépassement flagrant" des fonctions d'un seul juge qui conduit à "miner la confiance dans notre système juridique", a-t-elle ajouté.
"Nous sommes confiants d'obtenir finalement raison devant la Cour Suprême", poursuit la déclaration.
Statement on Sanctuary Cities Ruling⤵️ pic.twitter.com/6QTcfGmLv5
— Dan Scavino Jr. (@Scavino45) 26 avril 2017
Dans un tweet publié à la mi-journée, Donald Trump a déploré une décision "ridicule" et donné rendez-vous à ses opposants "à la Cour suprême".
First the Ninth Circuit rules against the ban & now it hits again on sanctuary cities-both ridiculous rulings. See you in the Supreme Court!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 26 avril 2017
"D'abord, le neuvième circuit (la cour d'appel fédérale de San Francisco, ndlr) s'oppose au décret migratoire, et maintenant il frappe encore sur le décret sur les villes sanctuaires - deux décisions ridicules. Rendez-vous à la Cour suprême!"
Santa Clara, un exemple de ces "villes sanctuaires" qui se sont engagées à protéger leurs habitants sans-papiers, a salué en revanche une décision "historique" et "un revers pour la politique de la peur".
Santa Clara Co., Calif., supervisor on ruling: "We succeeded after the Trump Admin. tried to do an end run around" the US Constitution. pic.twitter.com/xG7u7Zel0H
— NBC Nightly News (@NBCNightlyNews) 25 avril 2017
Avec San Francisco, cette agglomération avait assigné en justice le gouvernement de Donald Trump, espérant obtenir une suspension analogue à celle émise par les tribunaux de l'autre décret qui voulait interdire pour trois mois l'entrée aux États-Unis des ressortissants de six pays (initialement sept) à majorité musulmane, ainsi que l'arrivée des réfugiés.
Les autorités de Santa Clara affirment que le comté pourrait perdre près de 1,7 milliard de dollars à cause de ce décret qui entend retirer des subventions fédérales aux villes -et notamment aux forces de l'ordre locales- refusant de coopérer avec la police fédérale de l'immigration. San Francisco perçoit pour sa part jusqu'à 2 milliards de dollars par an de fonds fédéraux.
Toucher le porte-feuille des villes qui résistent à Trump
Lors d'une audience judiciaire mi-avril, les avocats de l'administration Trump avaient assuré qu'aucune de ces juridictions ne risquait dans l'immédiat de perdre ces financements, le décret voulant selon eux seulement les forcer à appliquer les lois sur l'immigration.
"Le décret a suscité des incertitudes budgétaires en menaçant de priver des comtés de centaines de millions de dollars de subventions fédérales employées dans des secteurs clés", a relevé le juge Orrick. "Des fonds fédéraux qui n'ont aucun lien majeur avec l'application (des lois) sur l'immigration ne peuvent être remis en cause parce qu'une localité choisit une stratégie d'application des lois migratoires que le président désapprouve", a-t-il ajouté.
D'après le magistrat, la question principale reste les déclarations répétées de Trump selon lesquelles le financement est "une arme" à utiliser contre les villes qui résistent à ses politiques et montre que l'intention du gouvernement fédéral est "anticonstitutionnelle". "La Constitution donne au Congrès et non au président les pouvoirs de dépenses" fédérales, a encore observé le juge Orrick.
Des menaces proclamées par le gouvernement envers 9 villes
Sa décision pourrait avoir un impact sur plus de 300 villes et comtés à travers le pays.
Elle permet toutefois encore au département de la Justice de maintenir ses menaces proclamées envers neuf villes -y compris Chicago, La Nouvelle Orléans et Philadelphie- de supprimer des allocations pour des programmes spécifiques si ces villes ne coopèrent pas avec les agents fédéraux de l'immigration.
Le maire de New York Bill de Blasio a dénoncé le "souhait illogique et anticonstitutionnel de faire des immigrés de boucs-émissaires", celui de Chicago a promis que sa municipalité ne "resterait pas passive pendant que le président Trump menace des villes américaines parce qu'il ne partage pas nos valeurs".
The president goes beyond his authority when he tries to harm cities that don't share his unconstitutional desire to scapegoat immigrants. https://t.co/3iFDtbuWfa
— Bill de Blasio (@NYCMayor) 25 avril 2017
"Le président dépasse les limites de son autorités en essayant de toucher des villes qui ne partagent pas son souhait anticonstitutionnel de faire des immigrés de boucs-émissaires"
Les villes "sanctuaires" comme Los Angeles, New York, Chicago ou Philadelphie affirment que pousser encore davantage dans la clandestinité des étrangers entrés illégalement a des effets néfastes.
Depuis l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, les autorités américaines ont accentué la répression de l'immigration illégale.
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