Au procès d'une filière jihadiste, un père souhaite que son fils "crève en enfer"
Son fils est sans doute mort en Syrie dans les rangs des jihadistes. Devant la cour d'assises spéciale de Paris, le père de Yassine Chebil a affirmé jeudi qu'il ne souhaitait qu'une chose, "qu'il crève en enfer".
A la barre, il est encore plein de hargne, de colère contre ces fils qui ont trahi son éducation et ses espérances.
"J'ai la haine. Mes enfants, je ne les ai pas éduqués comme ça. Je suis désolé, vraiment désolé", a-t-il dit.
Aucun de ses fils n'est présent parmi les membres présumés de la filière jihadiste dite de Cannes-Torcy, jugés depuis le 20 avril: Yassine, le cadet, est poursuivi en son absence mais présumé tué dans des combats en Syrie; Seïf-Eddine, l'aîné, a bénéficié d'un non-lieu.
Il décrit Yassine comme "un garçon qui aimait les filles et la chicha", "mais c'était un suiveur et on l'a endoctriné".
Il en veut surtout à son aîné, qu'il considère comme responsable de la radicalisation du cadet: "Le grand, c'est un dormant. Il a son propre Coran, je crois qu'il l'a écrit lui-même."
Il estime aussi que la fréquentation des mosquées de Seine-et-Marne, à Lagny - où la famille vivait - et Torcy - où les membres du groupes se retrouvaient - n'a fait qu'aggraver les choses.
Il affirme avoir essayé de raisonner Yassine. "Moi je lui ai dit, ta robe tu l'enlèves, ta barbe tu la coupes", a-t-il raconté, expliquant tout le mépris qu'il avait pour cette "barbe de terroriste", en filaments épars sur de jeunes mentons.
Un père tunisien, intégré en France et d'autant plus révolté que son fils Yassine avait enchaîné quelques contrats avec l'armée: "La France l'a entraîné et il se met contre elle!"
C'est Seïf-Eddine qui, après avoir reçu un appel de Syrie, lui annonce la mort de Yassine, le traite de père indigne et lui assène un coup de poing.
"Je lui ai dit: C'est bien fait pour sa gueule. Qu'il crève en enfer. Et je le répète aujourd'hui", a-t-il déclaré à la barre, dans un silence épais.
Me Bruno Vinay, qui défend son aîné dans un autre dossier est alors intervenu pour demander s'il avait déjà lui-même frappé son fils.
"Oui", a assumé le père, avant de reconnaître avoir également menacé de mort la mère de ses enfants.