Bic: départ surprise du directeur général après un solide exercice
Après dix ans aux commandes de Bic, son directeur général Mario Guevara a surpris mercredi en annonçant sa retraite, à seulement 56 ans: il laisse un groupe aux reins solides, mais qui anticipe un ralentissement de son activité cette année.
M. Guevara s'en va "pour des raisons personnelles" et avait fait part de ce souhait au conseil d'administration "depuis plusieurs mois", a précisé la directrice des relations extérieures et investisseurs de Bic, Sophie Palliez-Capian, lors d'une conférence téléphonique.
Il n'empêche que le groupe n'avait visiblement pas anticipé assez tôt son départ. Son successeur n'est pas connu et l'actuel président de Bic, Bruno Bich, 69 ans, devrait être nommé PDG lors de la prochaine assemblée générale le 18 mai. L'une de ses priorités sera de trouver un successeur à M. Guevara, qui devrait être recruté "en interne", selon Mme Palliez-Capian.
L'actuel directeur général délégué, François Bich, le frère du président, âgé de 66 ans, va également partir en retraite.
Les investisseurs réagissaient très mal à ces annonces: le titre Bic chutait de près de 14% à 120,75 euros vers 10H50 à la Bourse de Paris, alors que l'indice CAC 40 prenait 1,63%.
"Il semble que le groupe ait été pris un peu au dépourvu", a déclaré à l'AFP Arnaud Cadart, analyste de CM-CIC.
Cette annonce est d'autant plus "déstabilisante" selon M. Cadart qu'elle arrive à un moment où Bic prévoit en 2016 un ralentissement de la croissance de ses ventes à base comparable, qui devrait atteindre environ 5% contre 6,2% en 2015, et une diminution de 1% à 1,5% de sa marge d'exploitation normalisée par rapport à l'an dernier, où elle avait légèrement progressé pour s'établir à 19,3%.
Le géant français des stylos, rasoirs et briquets jetables a justifié la baisse attendue de cette marge par un renforcement notable de ses investissements dans la promotion de sa marque et dans la recherche-développement, afin de "stimuler la croissance rentable à moyen et long terme".
Bic n'a pas révélé le montant de ses investissements. Cependant, ils devraient atteindre cette année 60% du total des dépenses d'investissement de capital (capex) du groupe, contre 46% en moyenne ces cinq dernières années, a précisé Mme Palliez-Capian.
- Bic Graphic en suspens -
Autre facteur d'incertitude, l'avenir de la division de produits promotionnels Bic Graphic, pour laquelle le groupe se donne environ un an pour examiner "toutes les options stratégiques", y compris une cession ou un partenariat, selon Mme Palliez-Capian.
Division historique du groupe créée en 1969, Bic Graphic pénalise la rentabilité globale du groupe depuis plusieurs années. La division a enregistré l'an dernier une faible croissance de ses ventes à base comparable de 1,6% à 319,3 millions d'euros.
Après avoir longtemps souffert de la crise économique, la division est exposée à une forte concurrence de nouveaux entrants via internet sur le marché américain. "Bic Graphic s'adapte mais a un problème de rythme" a reconnu Mme Palliez-Capian.
La division compte 2.500 salariés et quatre usines, dont trois aux Etats-Unis et une en Espagne.
Bic a annoncé mercredi des résultats solides en 2015 dans toutes ses zones géographiques, dépassant ses objectifs, mais conformément aux attentes du marché.
Le bénéfice net a atteint 325,1 millions d'euros, en hausse de 24% sur un an, pour un chiffre d'affaires de 2,24 milliards d'euros, en hausse de 13,3% ou de 6,2% à base comparable (hors effet de change et hors acquisition).
Au quatrième trimestre le bénéfice net s'est établi à 72,1 millions d'euros (+20,8%) et le chiffre d'affaires à 559,4 millions d'euros (+8,9% ou +7,3% à base comparable). La marge d'exploitation normalisée, principale indice de rentabilité du groupe, s'est toutefois resserrée à 15,8%, contre 17,6% un an plus tôt.
Le conseil d'administration va proposer pour l'exercice écoulé un dividende de 3,4 euros par action (contre 2,85 euros pour 2014), ainsi qu'un dividende exceptionnel de 2,50 euros "au regard de la bonne performance et de la solidité" du bilan, sans convaincre visiblement les investisseurs.