Fermeture de onze classes en Creuse : les élus veulent monter au créneau
Onze fermetures de classes, six postes en moins : les maires de la Creuse ne cachent pas leur colère devant la carte scolaire prévue pour la rentrée 2024.
Boycott total. Personne n’est venu au Conseil départemental de l’Éducation nationale, ce mardi 6 février. Dominique Terrien, directeur académique de la Creuse devait présenter sa carte scolaire aux élus et aux représentants des parents d’élèves. Mais face à lui, seul le représentant de la préfecture a fait le déplacement.« On lui a juste demandé de faire remonter nos doléances : l’annulation de la suppression de six postes en Creuse », expliquait ce mardi soir Luc Marquès du syndicat SNUipp 23. Aux côtés de l’Amac (association des maires de la Creuse), il a tenu à rappeler : « Comme tous les ans, on a encore une carte scolaire qui ne répond pas aux enjeux de réussite des élèves ».
Carte scolaire : la fermeture de onze classes et l'ouverture de quatre autres confirmées en Creuse
Et Philippe Bayol, vice-président de l’Amac et maire de Saint-Vaury, d’ajouter : « En boycottant ce CDEN, on gagne une semaine (*) pour continuer le combat. Les années se suivent et se ressemblent. Pour avoir une école de qualité, ça devient compliqué… » Il a aussi évoqué le taux d’encadrement : « Si on rapporte les effectifs à ceux du Cantal, on aurait 30 enseignants en plus. Même 100 par rapport à ceux de la Lozère. »Dominique Berteloot, maire de Maisonnisses et ancien directeur académique de la Creuse, a tenu à soulever « le fossé entre les discours et les actes. En 2023, Emmanuel Macron disait “à la rentrée, le changement se verra à vue d’œil”. Et sur le site de l’Education nationale, il est écrit que le remplacement des enseignants est “une priorité ministérielle”. Moi, maintenant, j’aimerais dire à la ministre : “que faites-vous ?” »Et si au national, les promesses n’ont pas été tenues, au local, non plus, comme l’ont précisé plusieurs maires, dont Nicolas Simonnet, vice-président de l’Amac et maire de Nouhant. « Le pacte territorial qu’on a tous signé, c’est du vent ? Il doit endiguer la baisse démographique et mettre en avant ce qui fait notre attractivité. Et en même temps on ferme des classes. On ne comprend plus en tant qu’élu. C’est de l’enfumage ? »
Un moyen accordé, puis enlevéÀ Guéret, trois classes vont fermer (et une va ouvrir). « C’est très typique de l’Éducation nationale : on perd trois classes, une qui accueille des enfants de la communauté des gens du voyage, une dans une école qui va accueillir une unité autisme, et une qui est au cœur du quartier politique de la ville. D’ailleurs cette classe avait ouvert l’an dernier, on nous avait donné un moyen supplémentaire et là, cinq mois après la rentrée, on apprend qu’on va nous l’enlever. Dans cette classe, il y a plein de nationalités différentes, des enfants qui ne parlent pas français. On n’a même pas une année scolaire pour montrer que ce moyen a servi », expliquait, hier, Marie-Françoise Fournier. Bien remontée, la maire de la ville rappelait aussi que si le public fermait des classes, dans l’école privée de Guéret, on en ouvre. « Il y a des inscriptions massives. Parce que dans le public est toujours en danger… »Que ce soit à Crocq, à Fursac, à Grand-Bourg, à Saint-Sulpice-le-Guérétois, à Aubusson, que ce soit au sein du Conseil départemental, les élus veulent monter au créneau pour sauver l’école en Creuse. Tous sont « inquiets et en colère ». L’Amac va d’ailleurs prendre rendez-vous avec la préfète pour lui rappeler l’importance de préserver un enseignement de qualité en Creuse.
Mobiliser élus et parentsLes élus espèrent aussi mobiliser les autres maires du département, mais aussi les parents d’élèves. « À Aubusson, il y avait une petite manifestation contre la fermeture d’une classe. Mais très peu de parents étaient présents. C’est comme s’ils étaient désabusés. Je suis très inquiet », ajoutait Stéphane Ducourtioux, le maire. Valéry Martin, pour le Conseil départemental, rappelait alors : « Oui, on sent les parents démobilisés, mais ils comptent sur nous, élus, pour changer les choses ». (*) Le CDEN de repli aura lieu jeudi 15 février.
Sophie Emery