On vous explique pourquoi le maire de Dampniat a renoncé à porter le projet de fusion avec la commune de Malemort
Le conseil municipal de Dampniat, en Corrèze, avait prévu de se prononcer le mardi 2 avril sur l’étude de la création d’une commune nouvelle avec la voisine, Malemort. Un projet mort avant même d'être né : face aux protestations d’une partie de la population, le maire a préféré renoncer.
« Non. Pognon. Fusion. Trahison. » Le message, lapidaire, est visible depuis la départementale 162 qui monte au bourg de Dampniat, en Corrèze. Les lettres ont été tracées à la peinture vert fluo, sur le plastique noir de balles d’enrubannage. C’est le signe le plus visible d’une colère qui gronde dans cette commune de 700 habitants.
La raison ? La volonté du maire d’envisager une fusion avec sa voisine, Malemort (8.027 habitants, soit la quatrième ville la plus peuplée du département). Une colère qui a pris une telle ampleur que Jean-Pierre Bernardi a préféré renoncer. On rembobine…
Photo Stéphanie Para
1. De quand date le projet ?La possibilité de fusionner Dampniat et Malemort, deux communes de l’agglomération de Brive, a été envisagée en ce début d’année 2024 par les deux maires.
Début mars, celui de Dampniat, Jean-Pierre Bernardi, en a parlé individuellement aux membres de son conseil « et l’immense majorité était partante ». Les services de la mairie de Malemort ont eux commencé à tracer les grandes lignes des conséquences qu’une telle fusion pourrait avoir.
2. Quel était l’objectif ?« Si je l’ai fait, c’est que je n’y voyais que des avantages », résume Jean-Pierre Bernardi. Les premières études montraient notamment que les habitants de Dampniat paieraient moins de taxe foncière. Laurent Darthou, le maire de Malemort, y voyait une possibilité de « peser plus lourd »…
Si les conseils municipaux validaient l’étude, une charte devait être rédigée, une réunion publique organisée, puis les élus devaient voter, d’ici quelques mois, pour ou contre la fusion.Le maire de Dampniat, Jean-Pierre Bernardi. Photo P. L.
3. Comment la population a-t-elle été mise au courant ?« Étude de création d’une commune nouvelle » : Le conseil municipal de Dampniat aurait dû examiner cette délibération, dans une semaine, le 2 avril. « Elle n’avait aucun caractère décisionnel », insiste le maire qui, le 19 mars, a envoyé un courrier aux « 250 adresses mail dont je dispose en mairie », message relayé par l’application Intramuros.
« À ce jour, il n’y a absolument rien de fait », peut-on y lire. Le message détaillait la procédure envisagée, rassurait sur la pérennité des associations locales, de l’école, mais trop tard sans doute : la machine s’était déjà emballée.
4. Pourquoi le processus s’arrête-t-il ?SMS, messages anonymes dans les boîtes aux lettres des élus… « Il y a des pétitions lancées contre le projet, je n’ai plus le consensus que j’avais au départ, j’ai des élus qui ont eu peur… Vu les circonstances, le retrait de cette délibération s’impose », résume Jean-Pierre Bernardi. « Je ne peux pas faire ça contre la population. On restera 19360 Dampniat. C’était la seule chose qui changeait, pour moi. »
Malemort avait en tête l’expérience de Venarsal, « dont on a préservé l’identité », juge Laurent Darthou. « Ce que l’on proposait, c’était de discuter. Mais les gens ne veulent pas discuter… »
5. Que va-t-il se passer désormais ?L’occasion est manquée pour un bon moment : toute fusion doit avoir lieu avant le 31 décembre ou être repoussée après 2026 et les élections municipales.
« Tant pis pour nous, commente Laurent Darthou, c’est une occasion manquée de rationaliser des choses, c’est un peu décevant. On perd une occasion de bénéficier de dotations plus élevées. »
À Dampniat, en Corrèze. Photo Stéphanie ParaDu côté de Dampniat, le maire est amer. « Ces gens qui ont lancé cette pétition, on ne les voit pas aux cérémonies. On organise des petits repas où on atteint péniblement quarante ou cinquante personnes… Cette année, on a même annulé les manifestations de Noël ! »
Lors des dernières municipales, « il n’y avait qu’une liste », et Jean-Pierre Bernardi reconnaît avoir « un peu galéré » pour trouver les quinze candidats nécessaires. Désormais, « je m’interroge sur la légitimité de mon mandat », confie-t-il.
Corrèze : votre commune a-t-elle un homonyme ?
Pomme Labrousse