"Ce SMS dans la soirée ? Une grosse plaisanterie" : un maire de Corrèze reconnu coupable de harcèlement moral
Le maire d’Eyrein (Corrèze) a été condamné par le tribunal judiciaire de Tulle, mardi 2 avril, à une peine de prison avec sursis et d’inéligibilité pour des faits de harcèlement moral sur l’ancienne secrétaire de mairie, partie civile au procès.
Mauvaise idylle pour l’édile. Mardi, le tribunal correctionnel de Tulle a reconnu coupable de harcèlement moral le maire d’Eyrein, Jean-François Salles. L’élu était également mis en cause pour des faits de harcèlement sexuel, mais il a été relaxé pour ces infractions.
SMS, gestes et propos déplacésTout de noir vêtu, l’homme de 65 ans, cheveux blancs et lunettes élégantes, s’était peu avant défendu des poursuites engagées par son ex-secrétaire de mairie. Un peu ébahi, il avait tout à tour assuré : « J’ai tout fait pour qu’elle se sente bien quand elle est arrivée à la mairie [en juillet 2020, N.D.L.R.] » ; « Notre relation était cordiale » ; « Ce SMS envoyé dans la soirée ? Mais ce n’était qu’une grosse plaisanterie »…
Le tribunal n’a toutefois pas goûté cet humour et lui a opposé : « Sauf qu’au fil du temps, elle en est venue à aménager ses horaires de travail pour moins vous croiser, à changer son bureau de place, pour que vous ne vous colliez plus à elle. Au bout d’un moment, lit-on dans la procédure, elle ne s’habillait plus pareil. Elle ne portait plus de jupe, elle était décrite comme moins gaie. » Et de s’interroger : « Vous êtes décrit comme vous étant approché du bureau pour parler à votre secrétaire en mettant vos parties intimes en évidence. » Le prévenu, pantois : « Je m’avance toujours comme ça pour parler aux gens, il ne fallait pas y voir une position obscène… »
D’autres éléments au dossier le décrivent comme un élu au caractère vif, jaloux et volontiers possessif. « Imbu de sa personne », « sexiste », « misogyne », a indiqué la présidente, égrenant des témoignages.
« Un complot », a répondu le maire, évoquant des règlements de compte au sein de la municipalité. L’argument a été repris par son avocat, Me Freyssinet, qui a insisté : « Je veux bien qu’on dise que le complot, c'est l’argument grosse ficelle, mais il n’empêche que le seul élément objectif au dossier, c'est qu’il est mis en cause par des personnes avec qui il était en conflit. Ce qui interroge. » Avançant des manquements au travail de la secrétaire plaignante, le conseil a assuré : « Dès lors qu’ils ont été repérés, la relation s’est tendue entre eux. Le maire a été plus vigilant. »
Retentissement psychologiqueUne lecture diamétralement opposée à celle de la procureure de la République, pour qui il a bien eu « des attitudes répétées qui ont nui à la victime et il en avait conscience ». Une ITT sur le plan psychologique de dix jours avait d’ailleurs, a insisté le Parquet, été délivrée par le médecin légiste.Relaxé pour le harcèlement sexuel « au bénéfice du doute », il a été reconnu coupable pour le harcèlement moral et condamné à six mois de prison avec sursis, interdiction d’entrer en contact avec la victime et à une peine de cinq ans d’inéligibilité. Jean-François Salles se réserve le droit de faire appel, selon son avocat.
Julien Bachellerie