Neussargues en campagne avant une éventuelle défusion
En parallèle de l‘enquête publique, une élection est organisée à Neussargues-en-Pinatelle pour élire des commissions censées aider le préfet à adopter ou non la défusion. Rencontre avec les candidats neussarguais.
Pour ou contre la défusion de la commune nouvelle de Neussargues en Pinatelle ? Depuis le 18 mars dernier, et encore pour quelques jours, jusqu’au 8 avril, la population des cinq « communes historiques » est appelée à donner son avis via l’enquête publique. Première étape de la procédure de modification des limites territoriales de la commune nouvelle qu’a lancée le préfet du Cantal le 26 février. Les habitants de chaque secteur (Neussargues, Celles, Chalinargues, Chavagnac et Sainte-Anastasie) devront ensuite élire, le 7 avril, et le 14 en cas d’un second tour, les membres de leur commission respective. À l’issue duquel elles rendront un rapport au Préfet, complétant celui de l’enquêteur public.
Pour l’heure, la préfecture n’a pas communiqué sur la composition de ces listes. Mais, selon nos sources, elles seraient incomplètes à Celles et Sainte-Anastasie, quand dans les autres territoires il y aurait assez de candidats
« Chaos »Sur Neussargues-Moissac, les électeurs auront à choisir entre celle de Serge Defix, composée de sept partisans de la défusion, et la candidature isolée de Jean-Michel Boucart.
La liste emmenée par Serge DefixEn campagne depuis plusieurs semaines, les sept premiers candidats battent ainsi le pavé, pour la défusion, à la rencontre « et surtout à l’écoute des gens. Car ils ne l’ont jamais été, écoutés, ils ont été mis devant le fait accompli, et ça, ça passe toujours pas », assurent-ils. Ils se disent « bien accueillis par la population, on ne s’est jamais fait jeter de nulle part », et ont le sentiment qu’aujourd’hui la volonté générale est à la défusion. Car si certains sont pour depuis la première heure, d’autres ont revu leur position depuis. À l’image de Serge Defix qui avoue « qu’il y a huit ans, j’étais pro-fusion », voyant l’occasion pour les communes d’avoir une offre touristique et économique forte.
Mais huit ans après, le constat c’est un échec total, une catastrophe, le chaos. Ça ne fonctionne pas et ça n’a jamais fonctionné. D’abord parce que cette commune nouvelle est trop grande et trop étendue et surtout parce qu’il n’y a pas d’identité. Les vieux démons des rivalités entre communes ressurgissent
. « Il n’y a pas de projet commun, chacun fait son truc dans son coin. C’est une cohabitation, pas une fusion, jamais rien n’a été fait dans ce sens », ajoute l’un de ses colistiers. « C’est une période à oublier, un loupé », complète un autre.Et tous, assurant n’avoir aucune velléité d’être élu au prochain conseil municipal s’il y a, de prôner la défusion « pour revenir à Neussargues-Moissac, car avant ce n’était pas la guerre, pour qu’on avance, et recommencer à vivre ». Convaincus que c’est la solution. « Ça marchait avant, pourquoi ça ne marcherait pas maintenant ! ».
Sans l'oppositionFace à eux, il n’y a donc qu’un candidat. L’opposition au conseil, qui a voté contre la défusion, ne prenant pas part à la campagne « pour ne pas gaspiller notre énergie dans quelque chose qui ne sert à rien » estime le conseiller Franck Panafieu. « On sent que l’urgence est à la séparation, quitte à bafouer le droit. On n’a pas voté une seconde délibération identique, comme la loi l’impose, et pour cause, la première évoquait une défusion, un terme qui n’a pas de valeur juridique. Je solliciterai donc les personnes compétentes pour trancher cela. En attendant, je reste convaincu que le problème, ce n’est pas la commune nouvelle, mais l’exécutif en place. »
GaspillageConseiller municipal lors de la fusion, Jean-Michel Boucart prêche donc seul face aux électeurs. Et il en sourit, conscient que « cela ne changera rien que je sois élu ou non. » Mais il tenait à se présenter, « pour porter une voie différente.
J’entends des gens que j’estime me parler de guerres ancestrales entre Chalinargues et Neussargues, mais on n’est plus au XIXe siècle ! Cela trahit un repli sur soi général en ce moment que je n’aime pas.
Et puis, même si nous n’avons pas tout réussi avec la fusion, cela a permis d’être mieux doté par l’État, de plus investir. Financièrement, la défusion va être un vrai gaspillage. Les communes vont y perdre à se retrouver plus petites, on ne sait pas qui va pouvoir employer les salariés engagés depuis… Le partage va entraîner de nouvelles guéguerres, et je ne suis pas sûr qu’il y ait assez de candidats aux élections municipales dans chaque commune… »
Isabelle Barnérias et Yann Bayssat