"Le 25-Gisèle-Halimi, c’est une chaîne, un chemin qui se fait" : déjà plus de 2.500 femmes accueillies à Clermont-Ferrand
Plus de 2.500 femmes ont poussé la porte du 25-Gisèle-Halimi depuis son ouverture mi-décembre, à Clermont-Ferrand. Un lieu qui leur est pleinement dédié…
Assis dans la salle d’attente du centre de santé, Gaspard attend sa compagne. « Elle veut arrêter la pilule. Elle est venue se faire poser un implant contraceptif », dit-il. Car il serait faux de croire que le 25-Gisèle-Halimi est réservé aux seules victimes de violences conjugales. Il est bien plus que cela : un centre géré par des femmes, ouvert à toutes les femmes.
Parmi l’un de ses services, figure donc le centre de santé du Planning familial, qui accompagne majeures et mineures ainsi que les personnes en parcours transidentitaire. « Il y a un bon accompagnement. On est reçu très vite. Les équipes sont vraiment dans la bienveillance », salue Gaspard.
Plus que les prévisionsLa bienveillance, c’est justement le maître-mot ici, depuis l’ouverture du « 25 », le 18 décembre dernier.
« On dépasse les prévisions de 600 personnes accueillies par mois et on monte en puissance. Rien qu’en entretiens, à mi-mars, on est au même niveau que janvier plein. »
Plus de 2.500 personnes (hors permanences) ont déjà poussé la porte de ce centre qui accueille les femmes, les écoute, les informe, les accompagne, les soigne. Certaines viennent pour un rendez-vous, d’autres non ; « elles ont besoin de parler, une question, mais ne savent pas comment la formuler. On fait un premier entretien d’évaluation », poursuit Karine Plassard.
32 personnes font vivre le 25-Gisèle-Halimi de Clermont depuis son ouverture le 18 décembre dernier. Plus de 2.500 personnes ont déjà poussé sa porte depuis son lancement, hors permanences.
Certaines sont déjà des habituées. « On a un espace de répit, en bas, ouvert sans aucune obligation de se justifier. Les femmes peuvent disposer de ce lieu. La notion de répit est très importante pour nous : on essaye de prendre du temps, d’écouter et de proposer de l’écoute de qualité. On ne juge pas les personnes. »
32 personnes - toutes des femmes - se relaient pour faire vivre le 25-Gisèle-Halimi du lundi au vendredi.
« Il y a toujours quelqu’un de 9 heures à 17 h 30, tous les jours, hors lundi et vendredi où nous sommes là jusqu’à 19 heures. Le lundi parce qu’on est après le week-end et le vendredi parce que tout est fermé. »
Adaptation permanenteLe lundi, le téléphone sonne d’ailleurs toujours plus. Et chaque jour, l’équipe s’adapte aux dames qui poussent la porte. « Il leur a fallu beaucoup d’énergie pour venir, alors on ne peut pas les lâcher. Vendredi, on a eu trois entretiens d’en moyenne une heure, ça dépend du besoin », relève la responsable du service Mission égalité des droits.
Peu importe qu’elles travaillent pour ce service de la Ville de Clermont, pour le Planning familial, le CIDFF 63 ou l’association AVEC-France victimes 63, « on est une équipe au Gisèle, c’est l’équipe du 25, avec un soutien et une rapidité de réponses pour celles qui poussent la porte. On travaillait déjà ensemble, mais la plus-value de ce lieu, c’est qu’on est plus fortes ensemble ! »
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Vulnérables, plusieurs femmes n’arrivaient pas jusqu’au bout avant que les structures ne soient réunies. Au 25-Gisèle-Halimi, elles trouvent « un accueil inconditionnel et humain et extrêmement sécurisant ».
« Il y a une accroche, moins de perte, moins de casse car elles voient qu’on travaille ensemble. On voit s’il y a des fragilités, on sait les repérer assez vite. »
« On ne demande jamais le nom des dames en premier ; si elles sont d’accord, on le récupère », détaille Karine Plassard.
« Le 25-Gisèle-Halimi, c’est une chaîne, un chemin »Il arrive que l’équipe ne sache pas répondre à une question. Dans ce cas-là, elle cherche, « car on sait monter de nouveaux dispositifs, on a chacune nos réseaux. Le 25-Gisèle-Halimi, c’est une chaîne, un chemin qui se fait », accompagné si besoin à tour de rôle par le CIDFF et par AVEC-France victimes, « quand la femme est relogée, qu’elle est disponible pour l’accompagnement emploi… On ne lâchera jamais une femme qui va franchir notre porte et qui nous a dit “Il faut me trouver un emploi très vite” », martèle Nadine Baron.
Hors de question toutefois de colorer le 25 comme une structure uniquement dédiée aux femmes victimes de violences. « Car ce n’est pas facile pour la femme de se reconnaître victime. Ce cheminement-là est difficile. C’est ça l’idée de l’avoir ouvert à tout le monde, c’est faire connaissance avec nous, parler avec nous. Une fois que la confiance est en place, on peut attaquer le travail ensemble », encourage Karine Plassard.
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D’autant qu’il se passe plein de chaoses au 25 : cafés de parents, ateliers numériques, etc. du CIDFF. Tout est prétexte pour y trouver de l’écoute, dans le respect et les envies de chacune.
Le 25-Gisèle-Halimi est ouvert du lundi au vendredi, au 25, rue Lucie-Raymond-Aubrac, à Clermont-Ferrand. Pour contacter les associations :- Mission égalité des droits : renseignements et rendez-vous au 04.73.42.63.25 ou egalite@villes-clermont-ferrand.fr ;- Planning familial 63 : 04.73.37.12.07 ou rendez-vous sur Doctolib/Planning familial 63 ;- Centre d’information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF 63) : 04.73.25.63.95 ou accueil@cidff63.org, avec et sans rendez-vous ;- AVEC-France victimes 63, point accueil de jour pour les femmes victimes de violences conjugales : 04.73.90.12.24.
Gaëlle Chazal