Comment l'élevage de vaches Highland tente de se structurer en France ?
Secrétaire de l’association nationale French Highland Cattle Society, Jean-François Delaire, maire de Vollore-Montagne (Puy-de-Dôme), vient de se rendre en Écosse. Avec des ambitions de structuration pour toute la filière française, qui élève ces célèbres vaches écossaises aux poils longs et aux cornes impressionnantes.
Même les caméras du 13 heures de TF1 étaient braquées sur eux. Difficile de passer incognito donc, pour les membres de la French Highland Cattle Society, et dont Jean-François Delaire, maire de Vollore-Montagne, est le secrétaire. Lui, comme une poignée d’autres éleveurs français de Highlands, a traversé la Manche pour se rendre au pays des Lochs. À Oban précisément, la "Mecque" de la race.
Essais d’insémination artificielleEt ce, pour prendre exemple. Et faire les choses dans l’ordre. Parce que les enjeux sont importants aujourd’hui pour la filière. Si elle fait de ce bovidé un mets de choix pour les tables gastronomiques, à l’image de l’Angus, tout n’est pas optimal dans la valorisation, la reconnaissance, et la sélection génétique. Si les Écossais consomment de la Highland comme les Français de la Charolaise, l’occasion était donc donnée à l’association de s’enrichir.
"On souhaitait comprendre, et voir, comment les Écossais valorisent eux, cette race “de cœur”", explique Jean-François Delaire, au nom de la centaine d’adhérents que compose l’association. "On a visité quatre gros élevages, sur des surfaces allant de 800 à 1.300 hectares. Nous avons pu voir les conduites d’élevage, avec l’objectif d’acheter des animaux, mais ça ne s’est pas trop passé comme on le souhaitait (*)."
Mais on a joué notre seconde carte qui était d’obtenir des doses pour l’insémination artificielle afin de faire des essais. Nous avons pu en avoir 160, et elles arrivent dans le courant du mois d’avril.
Créer un organisme de sélection pour se structurerAu fil du temps, la filière apprend la valorisation de la race. Ne serait-ce que par des concours. "Les Écossais le font très bien. Ces concours sont de véritables fêtes pour tout le monde là-haut. Quand les juges écossais sont venus en France pour nos concours, continue Jean-François, ils nous disaient que l’on avait de beaux animaux, mais il nous faut désormais, sur le fond, un brassage génétique qui nous permet de répondre aux besoins de l’élevage."
Une typicité recherchée, qui va aboutir à la création de l’organisme de sélection, comme l’ont toutes les grandes races. Le ministère a d’ailleurs répondu favorablement à la demande.
Ce qui permettra aux éleveurs d’exporter, les animaux, pour la viande ou la reproduction, en Écosse, en Allemagne ou ailleurs.
La French Highland Cattle Society a d’ailleurs pour ambition de retourner en Écosse, pour parfaire l’organisme de sélection calqué sur le Hard Book écossais, et de se nourrir du savoir-faire écossais. Une tradition, une culture qui fait rêver, "mais comme beaucoup de choses là-bas", sourit Jean-François. "Aujourd’hui, nous sommes connus, et reconnus, reçus comme des invités de marque, et ils font preuve de beaucoup de pédagogie et d’échanges avec nous. Ils comprennent ce que l’on veut faire."
Vache très adaptée à l’entretien des territoires, elle est particulièrement efficace pour valoriser et ouvrir des terrains pauvres ou peu mécanisables. "Elle peut manger ce que les autres vaches ne mangent pas. Aujourd’hui, de plus en plus d’éleveurs prennent un petit troupeau de Highlands pour la diversification, qui vient en complément d’autres races d’élevage", termine le maire de Vollore-Montagne.
Alexandre Chazeau
(*) À cause de la fièvre catarrhale, les animaux sont interdits de transit via l’Angleterre.