"On fait ce que l'on peut !" : divergences entre agriculteurs, forestiers et chasseurs du Cantal

Avec 6.400 chasseurs, la Fédération départementale des chasseurs du Cantal représente un poids certain. Et entretient un partenariat avec les agriculteurs et les propriétaires forestiers au nom de la préservation de la biodiversité. Mais les enjeux ne sont pas les mêmes pour chacune des parties.

En 2023 déjà, lors du congrès départemental des chasseurs du Cantal, son président, Jean-Pierre Picard, avait rappelé que le nombre d’adhérents baissait et que chacun faisait ce qu’il pouvait pour les plans de chasse. Cette année encore, il l’a rappelé : « 6 % de chasseurs en moins ». Si « la passion de la chasse est souvent décriée », force est de constater son utilité, dans son rôle de régulation des espèces, pour ses partenaires, agriculteurs et propriétaires forestiers.

2023 a vu « une très belle saison pour le cerf » (15 % de prélèvements de plus qu’en 2022 et 43 % de plus en quatre ans) et une année record pour le sanglier (3.700 prélèvements, soit 28 % de plus qu’en 2022). « Pourtant, les attaques sont venues de partout, nous accusant de vouloir laisser échapper les populations, de les laisser véhiculer des maladies, déclarait Jean-Pierre Picard devant un parterre plus que fourni de personnalités et d’adhérents.

Entre les demandes de doublement de plan de chasse ou des augmentations de 30 % sans aucune valeur scientifique, nous sommes les responsables utiles de tous les maux que peuvent endurer nos partenaires […]. L’État et la profession agricole souhaitent désormais que nous chassions également en avril-mai. Et pourquoi pas de nuit !

Alors, au moment de prendre le micro, Joël Piganiol, président de la FDSEA 15, a essayé d’appeler au maintien du dialogue.

Un stand de tir dernière génération ouvert en 2023 à Cros-de-Montvert

« Je salue votre vitalité, votre ton engagé (à l’adresse du président, NDLR), mais je vais être très clair, nous sommes des partenaires, nous souhaitons le rester.... Et il est nécessaire d’évoluer à petit pas....

L’idée de la demande de faire évoluer la période de chasse (pour le sanglier, NDLR) sur le printemps était de traiter les situations les plus tendues, les plus préoccupantes. À partir de là, il ne faut pas exclure la proposition.

Des équipages qu'il faudrait augmenter sur certains secteurs. Photo d'illustration Stéphanie Mena. Une population de sangliers, blaireaux et cerfs posant difficulté également pour l’avenir des forêts. Nicolas de Menthière, président du syndicat des propriétaires forestiers du Cantal, présentait une mission de gestion durable et un objectif clair : baisser les populations de cervidés, en augmentation sur certains secteurs (comme l’Artense, les monts du Cantal…) et qui mettent à mal l’avenir des forêts.

Je suis conscient des efforts des chasseurs mais ils sont encore insuffisants et le problème s’accroît d’année en année. Il faut revoir ensemble nos pratiques pour maîtriser cette problématique et apporter des solutions.

Une proposition d’élargir la période de chasse « qui est une possibilité, pas une obligation » rappelait ensuite le préfet Laurent Buchaillat, arbitre et médiateur des intérêts de tous les intervenants ainsi que de l’administration. Il souhaite mettre tout le monde autour de la table afin d’évoquer une expérimentation sur un secteur précis. Une initiative déjà évoquée par le passé mais qui n’avait pas été concrétisée.

Les chiffres étant têtus, Jean-Pierre Picard rappelait à tous sa volonté de trouver des solutions. « Nous allons continuer à augmenter les plans de chasse, nous n’avons pas été bons pendant quelques années tous ensemble, je le reconnais, mais nous avons de moins en moins de chasseurs, on fait ce que l’on peut, j’aimerais bien que vous nous donniez la solution pour aller plus loin. Nos chasseurs sont à bout, ils n’en peuvent plus. »

Magali Roche