Dépérissement des pins sylvestres dans le Brivadois : le CNPF pousse les propriétaires forestiers à réagir au plus vite

Un peu plus de 100 propriétaires forestiers ont participé aux réunions proposées dans le nord-ouest de la Haute-Loire par le CNPF, avec les élus d’Auzon communauté et de Brioude Sud Auvergne. À la suite de la forte mortalité constatée sur le pin sylvestre (aussi appelé pin d’Auvergne), l’organisme d’État veut avertir sur les urgences actuelles et l’avenir de ces parcelles.

Une vingtaine de propriétaires forestiers, calepin et stylo à la main pour certains, attendent le représentant du Centre national de la propriété forestière (CNPF) sur la place de l’église d’Azérat. Quentin Lauby, technicien forestier de cet organisme d’État, se place à côté de Dominique Ceres, maire de Saint-Hilaire. Aussi vice-président d’Auzon Communauté, il plante le décor. "Nos pins sylvestres et nos douglas sont en train de dépérir. Que faire ?"

Le constat sur cette situation critique est fait. Maintenant, il faut agir. Quentin Lauby invite les propriétaires forestiers à le suivre en voiture pour prendre de la hauteur. Le panorama propose des pins sylvestres et des douglas rubigineux à perte de vue.

Le technicien du CNPF entre sans plus attendre dans le vif du sujet. "Il faut récolter les arbres secs ! Sinon, dans quelques mois, ça ne vaudra plus rien." Fabien Ceres, technicien forestier pour l’entreprise d’exploitation forestière Sud Abies approuve cette conclusion : "Sur un secteur comme celui-là, si on attend septembre pour couper, ça sera 80 à 90 % du bois énergie."

Si on a un sol superficiel avec beaucoup de cailloux, on ne va pas vous demander de reboiser sur ces parcelles-là

L’urgence actuelle, c’est de couper. Les propriétaires forestiers présents l’ont compris. Leurs interrogations portent déjà sur la prochaine étape : le reboisement.

"C’est du cas par cas. Si on a un sol superficiel avec beaucoup de cailloux, on ne va pas vous demander de reboiser sur ces parcelles-là. Ça serait de l’argent balancé par la fenêtre. On aura potentiellement des secteurs avec plus de sols sur lesquels on pourra essayer de faire quelque chose avec des essences plus adaptées aux sécheresses", répond le représentant du CNPF.Quentin Lauby, technicien forestier du CNPF, conseille de conserver les arbres verts et les autres essences présentes sur les parcelles, notamment les feuillus. Cela permet de maintenir une ambiance forestière et d’augmenter les chances de réussite d’un futur reboisement.D’autant plus que ce n’est pas un maigre sac d’argent qu’il faudra fournir : minimum 6.000 € par hectare. "Il n’existe pas d’aides ?", demande un des propriétaires forestiers. "On va faire remonter à la préfecture le besoin d’une aide exceptionnelle face à une situation exceptionnelle", rétorque le maire de Saint-Hilaire.

Pour rappel, en Haute-Loire, le reboisement est obligatoire pour des coupes de plus d’un hectare sur un seul tenant dans un massif de quatre hectares. Des aides de la Région et de l’État existent. De son côté, Auzon communauté propose un forfait de 3 € pour chaque plant de feuillu planté.

"Qu’est-ce qu’on va planter ?", s’interroge un autre propriétaire. Mis à part sur le fait que la plantation de pins sylvestres doit désormais appartenir au passé dans le nord-ouest du département, les réponses varient entre le CNPF et les entreprises forestières présentes au sujet du reboisement.

On parle de pins maritimes, de pins laricio, de mélanges d’essences ou de laisser la nature reprendre ses droits. "Si vous ne faites rien, ça se reboisera naturellement, mais ça prendra plus de temps. En tout cas, ça ne sera plus la même forêt que vous voyez devant vous", avertit Quentin Lauby. "Dans les prochaines années, le feuillu aura beaucoup plus de places que le résineux. La forêt d’ici, il faut qu’on la voie différemment et qu’on enlève le dollar derrière", complète Alexis Theodat, chef de valorisation des bois chez CFBL Coopérative Forestière.Le technicien du CNPF a conduit les propriétaires forestiers sur une zone où des pins martimes ont été plantés il y a 85 ans.

La visite s’est conclue dans une parcelle sur laquelle des pins maritimes ont été plantés. Cette espèce, faite pour résister aux fortes chaleurs, affiche de belles aiguilles vertes. "Les pins maritimes supportent mieux les périodes de sécheresse. Ils demandent une faible réserve en eau pour vivre. Après, c’est pareil, dans 20 ans, ça sera tout l’inverse avec des pluies fortes ou des gros épisodes de neige. D’où l’importance de faire des mélanges", conseille le technicien forestier de Sud Abies.

"Cela fait des décennies que ces arbres résistent aux vagues de froid. Je ne m’inquiète pas trop", rebondit le technicien du CNPF. Les possibilités sont donc multiples pour reboiser. Mais avant, il faut couper.

Félix Mouraille