Âpre monde, de Franck Bouysse, à la conquête de sa terre et de soi

L’écrivain corrézien Franck Bouysse poursuit, dans Âpre monde, les aventures de son héros Elias au pays des Nez-Percés avec le second tome de La marche du rêveur. Une aventure plus intime, qui relie l’homme à son destin et à la nature qui l’environne.

On l’avait laissé en France, en quête de ses origines familiales. Elias Greenhill, que des Indiens ont élevé depuis sa plus tendre enfance comme s’il était des leurs, débarque dans le domaine familial à la recherche de la vérité : ses parents, leurs amours illégitimes mais pas moins profondes, leurs morts dans de terribles circonstances. Avec ce funeste héritage pour tout bagage, le jeune homme rentre au pays, au cœur des massifs aussi hostiles que superbes du Montana. À coup sûr, la nature n’y est pas son seul adversaire. Le shérif, ami fidèle de son père, l’accueille à bras ouverts, mais la famille Drumm, riche et violente, remâche sa haine à son endroit. Le fils et son épouse Elisa qui, autrefois, faisait battre le cœur d’Elias, qui sans doute l’aimait aussi. Entre désir et jalousie, le couple part sur les sentiers de la vengeance, en ordre dispersé mais de manière non moins violente.

L'écrivain corrézien Franck Bouysse ouvre une série sur la quête des origines, la nature et les Indiens

Elias tente de faire face, fort des enseignements de ses parents, sagesse indienne et fidélité à tous crins. Isolé dans une cabane, il subit les coups, mais ne renonce pas à embrasser un combat plus grand, aussi majestueux que les montagnes qui l’entourent : sauver les forêts ancestrales de la convoitise humaine. Un combat qui prend des allures de chasse au trésor.

Franck Bouysse tient bon les rênes de son intrigue. Il maîtrise les mots de la violence qui hante chacun de ses personnages, comme ceux de la rédemption qui porte son héros et de la sagesse indienne qu irrigue l’histoire. Il possède l’art de dire la nature sauvage dans sa magnificence et son âpreté, sa rigueur lorsqu’elle est domptée par l’homme.

L’art aussi de dessiner un tout vivant, hommes, animaux et nature reliés par une nature profonde. L’art encore d’éprouver les sentiments et leurs émotions, dans une palette qui joue de toutes les couleurs de l’âme humaine.

Dans les pas d’Elias Greenhill, héros résistant et résiliant, l’écriture de Franck Bouysse respire, palpite, vibre au rythme des éléments et des battements des cœurs. Quelle vie le jeune homme peut-il espérer ? Et si un troisième tome nous ouvrait plus grandes encore les portes de son destin… 

Âpre monde, de Franck Bouysse (Phébus), La marche du rêveur, tome 2 ; 214 pages, 19,90 €.

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Et tant de choses dont je ne me souviens plus… : chroniques (Guêpine Éditions). Un recueil de ses chroniques parues dans les journaux du groupe CentreFrance depuis 2022, dans lesquelles, avec une attention aux petits rien et une distance qui prend le temps de s’approprier l’actualité, l’écrivain dévoile ses sources d’inspiration, ses goûts littéraires ou ses thèmes d’écriture privilégiés. Une manière de sauver « ce qui disparaît sous nos yeux indifférents, indifférents à la petite histoire ».

Terres d’automne, entretiens avec Fabrice Lardreau (Arthaud, coll. Versant intime). Ses réflexions sur sa haute Corrèze natale, le monde paysan qui l’a façonné et l’hyper-ruralité qu’il défend avec tendresse et conscience. 

Blandine Hutin-Mercier