À Couzeix, Marie Ruven a imposé son style et son approche du vin avec la Cave de Marie

Au cœur du centre-ville de Couzeix, Marie Ruven a imposé son style et son approche du vin, décomplexée et sensible, pour faire de la Cave de Marie un repaire pour les amateurs de vins authentiques qui disent la passion des hommes et la richesse des terroirs.

On ne peut plus en faire un angle d’attaque original. Non, il y a belle lurette que les femmes ont pris toute leur place dans l’univers du vin. Vigneronnes, sommelières, œnologues, maîtresses de chai : les exemples ne manquent pas pour définitivement tordre le cou à cette antienne qui voudrait que le vin soit une affaire d’hommes. 

D’ailleurs, il suffit de franchir la porte de la Cave de Marie, dans une petite rue du centre-ville de Couzeix, pour comprendre la passion qui habite cette caviste. Pourtant, ici, pas d’impressionnants linéaires de bouteilles, pas de grands crus exposés pour épater la galerie ou de tête de gondole au marketing agressif. Non, on aime la déco chaleureuse et cosy d’une cave à taille humaine, d’un commerce qui mise sur la fidélité et la proximité avec les clients.

Voilà quatre ans maintenant que Marie Ruven a ouvert cette boutique dédiée au vin. Quatre ans que cette pétillante jeune femme brune aux yeux verts conseille, parle cépage et appellation, suggère des accords, propose des dégustations et des soirées à thèmes.

Autour de ce comptoir formé d’un large madrier de bois brut reposant sur deux barriques, Marie revient sur son parcours et sur cette soudaine volonté qui a germé en elle à l’approche de quarantaine.

À l’époque, Marie ne s’épanouit plus vraiment dans son rôle de mandataire judiciaire. Une perte de sens qui la pousse à envisager une reconversion. Elle qui a passé des années à écouter, à aider et à accompagner les autres avec bienveillance, pour une fois, elle va prendre le temps d’écouter ses propres envies. 

Changer, certes. Mais pour faire quoi ? Ce sera donc le vin. Marie a grandi dans une famille où la bonne chère, la dimension conviviale et de partage de la table et du vin avaient toute leur place.

Il faut dire aussi que Marie a été bercée par la vision d’une France faite de terroirs, de traditions et cultures régionales. Une France qu’elle a appris à aimer et à connaître, gamine, aux côtés d’un père passionné d’histoire. Une France où elle a vu au gré des voyages la place importante dont jouissaient la vigne et le vin. 

Et puis, jeune adulte, Marie a découvert le vin, ses nuances et ses diversités, avec un goût assumé pour les vins blancs secs. Mais cela suffit-il à vous conférer une expertise pour vendre et conseiller en matière de vin ?

Avec humilité et curiosité, Marie a appris, beaucoup lu, voyagé, elle s’est formée aussi, auprès notamment d’un ancien sommelier, à Lavaur (Tarn), au pays des vins de Gaillac. « Il m’a donné les clés pour entrer dans ce monde-là. Il m’a appris le souci de la transmission, le goût du partage, il m’a initiée aux bases de la dégustation », se souvient Marie qui, aujourd’hui, peu à peu, a réussi à s’affranchir du syndrome de l’imposteur.

De cette expérience, Marie va également nourrir un désir de liberté que l’on retrouve dans cette volonté de se poser en caviste indépendante, n’obéissant à aucune opération marketing et produits d’appel. Pas plus qu’elle ne s’impose les contraintes d’une démarche de niche qui consiste à ne présenter que des vins réalisés en agriculture biologique, en biodynamie, voire en vins nature. 

« J’ai goûté toutes les références que je propose ici et j’aime aller sur le terrain, rencontrer les vignerons, connaître leur histoire, comprendre comment ils travaillent et le lien qu’ils nourrissent avec leur vigne, pour mieux vendre leur produit. Comme j’aime à le dire : j’ai souhaité construire une cave de cœur et de partage », poursuit Marie.

Fidèle à son ambition initiale, la caviste évolue sur une ligne de crête. Sans tomber dans le consensus et la facilité, Marie aime satisfaire le goût de ses clients tout en émoustillant leur curiosité. 

Elle l’assume, Marie veut casser les codes élitistes de ceux qui ne jurent que par les grands crus prestigieux et les millésimes d’exception ou par le vin nature. 

La jeune femme le sait, elle ne joue pas dans la cour des exégètes pétris d’érudition savante et des dégustateurs aux nez et bouches expertes, voire infaillibles. Son credo repose sur la curiosité et le partage. « D’ailleurs, il arrive que ce soient des clients qui me fassent part de leurs belles découvertes, de leurs coups de cœur que je goûte avec intérêt et que je n’hésite pas, s’ils me plaisent, à ajouter à ma sélection », note Marie qui, on l’a compris, joue de la modestie tout en se montrant exigeante à travers une approche du vin peut-être moins élitiste et dogmatique, mais ô combien plus sincère et authentique. N’est-ce pas là l’essentiel ?

Le vin

Un exemple des belles pépites qui garnissent les rayonnages en bois de la Cave de Marie : ce Montanha. Bien qu’elle apprécie les vins étrangers, il ne faut pas aller jusque dans le Montana pour le trouver, mais descendre dans le sud des Corbières, dans les montagnes de Cucugnan, pour trouver le Domaine de Peter Sieghel.

Alexandre Peter a repris les rênes de ce domaine créé par son grand-père, Peter, un Bordelais tombé amoureux de cette Vallée de Cucugnan, au cœur du pays Cathare, à plus de 400 m d’altitude.

Assemblage de syrah et de carignan, ce vin est une infusion courte (deux jours et demi) de raisins récoltés avec beaucoup de maturité et qui finira sa fermentation dans une cuve béton. En résulte un vin à la robe rubis très claire. Franc et direct, le nez fait la part belle aux arômes de fruits rouges, fraises des bois notamment. On aime tout autant la bouche, souple, élégante et douce. C’est un coup de cœur de Marie, et on comprend pourquoi?!

Fabrice Varieras